histoire unique qui, écrit John Iliffe, « lie les tout premiers êtres humains à leurs descendants actuels ». Cette histoire n'est pas faite de destins morcelés selon les peuplades et les régions mais présente une cohérence et une continuité. L'étude de ce spécialiste, professeur à l'université de Cambridge, commence avec les australopithèques, dont les restes n'ont été découverts qu'en Afrique, dans la vallée désertique d'Awash, dans le nord de l'Ethiopie, et se termine par une monographie sur la fin de l'apartheid en Afrique du Sud. Elle ne comprend pas de conclusion générale, contrairement aux travaux universitaires habituels, mais la dernière phrase est une profession de foi en faveur de cette unicité de l'histoire africaine : en cherchant à apaiser les tensions « nourries par la croissance démographique, la pauvreté de masse, l'urbanisation, l'éducation et les exigences de la jeunesse, l'Afrique du Sud réintégrait, écrit John Uliffe, enfin le courant dominant de l'histoire africaine ».

Il s'intéresse avant tout aux populations et voit dans la démographie la question centrale de l'Afrique. « La lutte pour accroître le nombre d'hommes a toujours été le principal trait de l'histoire africaine », dit-il, jusqu'à la traite négrière, qui vit « un continent sous-peuplé exporter des hommes en échange de marchandises ». La vente d'esclaves aux Amériques a commencé en 1441 et atteint son rythme le plus fort au XVIIIe siècle, où plus de six millions d'Africains furent envoyés sur l'Atlantique. L'auteur rappelle que les Européens pratiquaient deux systèmes d'échanges. Le premier, dit « de l'usine », reposait sur des implantations dans lesquelles étaient rassemblés les esclaves ; le second consistait en une sorte de cabotage, le long de la côte atlantique, pour remplir les bateaux qui traversaient l'océan quand la cargaison était complète. Mais « dans un cas comme dans l'autre, le système était, en, dernier ressort, sous contrôle africain ».